Tatsoin !
12/09/2003
Tatsoin ! Me voilà de retour parmi les gens qui ont un ordinateur, des yeux rouges, et une vie sociale désolante.
Il faut dire que depuis ma dernière contribution consternante sur ce site, j'ai déménagé. Pour la sixième fois depuis 1995, et toujours dans le même périmètre d'environ 20 km carrés, certes, mais c'est quand même du boulot. Et madame France-Télécom est très chatouilleuse sur le protocole : il faut la prévenir cinq jours avant de partir. Sinon, pas de téléphone, donc pas d'internet non plus. D'où un silence de plus en plus assourdissant dans ces pages, je le concède.
Me revoilà donc, dans un pavillon traditionnel sur sous-sol, planté au milieu d'un jardin des hauteurs d'une ville de banlieue huppée. J'y ai emmené mon chien, ma compagne et mes deux enfants, ainsi que mon monospace d'occasion, ma bouillotte1 en plastique, mes livres, et mes chaussons... Si on m'avait dit, il y a seulement treize ou quatorze ans, que j'écrirais un jour cette phrase sans rougir, je me serais fait interner séance tenante. Il faut dire qu'à l'époque, je passais mes nuit à gaufrer des phrases définitives sur le papier, en tapant comme un sourd sur une authentique Underwood de 1926. Le lendemain matin, la bouteille de tequila était vide, les pages fraîchement pondues ne valaient pas tripette, et je ne m'appelais ni Bukowski, ni Henry Miller, ni Hemingway ; eh bin tenez-vous bien : aujourd'hui, je m'en fous (le vrai scandale dans la phrase qui précède, c'est le point-virgule : c'est à ce genre de fautes de goûts qu'on s'aperçoit qu'on a mal vieilli).
Et ce midi, donc, dans cette nouvelle demeure qui promet des « hivers crépitants », comme chantait le toulousain, je me suis offert une sieste divine. Après avoir mangé vite-fait, je me suis allongé avec le dernier Monsieur Jean et le CD que je venais d'acheter pour mon fils. Ah oui, j'ai un petit garçon de bientôt deux ans qui voue une passion sans limite pour les chansons douces, et une autre un peu précoce pour les voix féminines. Du coup, je m'étais dit que l'album de Norah Jones lui ferait doublement plaisir.
Bon, d'accord, Norah Jones, c'est pas la révolution.
Mais, dans la torpeur de la digestion, quand on a comme moi une quinzaine d'heures de sommeil à récupérer, c'est une expérience qui se laisse tenter. On ferme les yeux, on se laisse glisser dans un demi-sommeil très légèrement halluciné, et l'on écoute la dame vous susurrer « come away with me » à l'oreille… Ça n'apporte pas grand-chose à l'histoire de la pop (ni à celle du jazz, puisque c'est bizarrement un disque Blue Note), c'est juste un petit moment en suspension. Une parenthèse de vide tranquille, juste avant de repartir à pieds joints dans le grand fracas.
Et puis boum.
Si, si. J'ai VRAIMENT une bouillotte, en souvenir de mon enfance frileuse chez des grands-parents mal chauffés. Mes amis m'appellent « Cul-de-Plomb ». Et je leur chie au nez.