Siffler en travaillant
18/02/2004
Voilà une chronique palpitante : j'ai rangé mon bureau.
Avant-hier, j'ai réuni toute la famille, et j'ai déclaré d'un ton sans appel que ça ne pouvait plus durer : maintenant que je repique au jus du journalisme1, j'ai besoin de place pour m'exprimer.
Mes enfants ont joué comme si de rien n'était, ma chérie a hoché gravement la tête, j'ai fait mon paquetage et je suis rentré dans ma tanière.
Parce que mon bureau, c'est un truc qui déborde. Ça s'empile, ça s'écrase, ça oscille, ça menace de s'écrouler, bref c'est le bordel.
Il y a là mes livres. Pas mes BD, ni la vraie littérature à couverture blanche. Ceux-là sont au salon, ils font les jolis à côté de la cheminée qui crépite. Dans mon bureau, il y a les crapoteux, les oubliés, les jamais lu, les reniés : polars, bibliothèques vertes de mon enfance, usuels, annuaires professionnels, documentations accumulées pour des articles réels ou imaginaires, guides touristiques, bouquins de cuisine... Sans compter les magazines : vingt ans de Fluide Glacial, de vieux Spirou, de Pif-Gadget, d'Hebdogiciel... Et je ne vous parle pas des rescapés de la poubelle : des Libé d'il y a six mois, des canards d'informatique avec des listings en Q-Basic, des Science & Vie titrant sur le « Be-Bop », le téléphone sans fil des années 80...
C'est pas ma faute : j'arrive pas à jeter (oui oui, les amateurs de psychanalyse de comptoir, j'ai bien compris où se situait mon problème, merci...)
Alors je me suis à nouveau enfoui sous des piles informes, le temps de tout déplacer pour installer les belles planches en sapin que vous voyez sur la photo. Ça s'est écroulé plusieurs fois, la moquette a absorbé du coca éventé et de l'eau minérale du siècle dernier, mais je m'en suis tiré.
Et j'ai même réussi à me débarrasser d'un livre. Un gros, qui faisait plus d'un kilo : le guide de référence de l'IBM PC-DOS 5.0.
Mine de rien, celui-là, il a fait tous les déménagements. De la chambre d'étudiant au centre-ville. Du centre-ville au quartier résidentiel. Du quartier résidentiel à la petite maison. De la petite maison à la maison bruyante. De la maison bruyante à la maison calme. Cinq fois, j'ai mis ce bouquin dans un carton, transporté le barda, et trouvé une place dans le nouveau logement pour l'oublier aussitôt.
Hébin tenez-vous bien : j'ai jamais eu de PC-DOS 5.0. À l'époque, j'étais plutôt utilisateur de MS-DOS. Et, comme il y avait des différences entre les deux (ténues, mais réelles), j'avais aussi un guide de l'utilisateur de MS-DOS.
J'ai quand même gardé mon aide-mémoire de GW-Basic. On ne sait jamais.
Comme disait ma boulangère, on est bien peu de choses.
je vous avais pas dit ? Me voilà pigiste, responsable d'une rubrique « culture » dans un nouveau trimestriel tout en couleurs