Douce fin d'après-midi
17/06/2004
Il faisait beau, je roulais tranquillement vers la mer. J'allais faire une course, avant de rejoindre mes meilleurs amis à la terrasse sous les arbres. Douce fin d'après-midi.
Au carrefour qui m'inquiète toujours un peu, j'ai marqué le stop. Je ne sais plus si j'ai regardé à gauche puis à droite, ou à droite puis à gauche. Ça fait des heures que cette question-là me taraude. Je n'ai vu personne, j'ai commencé à m'engager. Et puis la 306 a surgi sur ma droite.
Je n'étais pas engagé suffisamment pour qu'elle me percute, loin de là. Mais elle a paniqué, les freins ont crissé, elle a perdu le contrôle de son véhicule. Et elle est allée défoncer la voiture qui attendait au stop, de l'autre côté de la route.
J'ai gardé mon calme, fait les gestes qu'on m'avait appris en secourisme il y a seize ans (la mémoire revient très vite), appelé les secours, expliqué les choses aux gendarmes. J'ai soufflé dans le ballon, donné mes papiers, fait ma déposition.
Les secours ont emmené la jeune femme au CHU, pour des radios de contrôle. En dehors de son état de choc, elle n'avait pas de lésion apparente. L'homme de l'autre voiture est reparti indemne.
Les gendarmes vont faire les constatations, les assurances vont se démerder pour déterminer laquelle remboursera la casse, la jeune femme va se remettre.
Heureusement, nous étions tous les trois seuls dans nos bagnoles. Pas d'enfant en jeu, pas de blessé grave. Merci les airbags. Les deux voitures accidentées étaient récentes, elles ont absorbé les chocs comme il faut. Si le type au stop avait eu ma bagnole à moi, il serait sans doute en sale état, voire pire. Si ç'avait été un semi-remorque, la fille serait morte. S'il avait été en vélo ou en moto, c'est lui qui serait mort.
Il y a des jours où on réalise que la vie peut basculer en une fraction de seconde. Et les petits soucis ordinaires prennent tout à coup une perspective dérisoire.