C'est la rentrée !

Un jour, j'ai lu un article sur des entomologistes très sérieux, qui ont établi une typologie hyper-précise pour dater les cadavres en putréfaction. En fonction de la nature et du nombre de larves d'insectes qui festoient sur le macchabée, ils ont une précision redoutable et peuvent dire que le gars est mort à 4 heures, dans la nuit du 27 au 28. J'ignore si les mêmes ont fait le même boulot pour dater des poubelles oubliées, mais si c'est pas le cas, je peux leur filer un échantillon sympa.

Dans le bled infâme où j'habite encore pour une semaine, les boueux ne passent en effet qu'une seule fois par semaine, le lundi à l'aube. Évidemment, si tu as passé ton week-end ailleurs que chez toi, ou si le lundi est férié, tes poubelles ont l'honneur de pouvoir rejouer en deuxième semaine.

Quand on a comme moi une maison illuminée par deux bambins qui s'ébattent en riant, une semaine de poubelles, ça veut dire un stock moyen de 70 couches plus ou moins humides, et de 14 autres qui débordent franchement de caca. Plus les déchets alimentaires de quatre personnes et un chien (pour le verre, le plastique et le papier, je fais comme tout le monde, je trie. Mais comme par hasard, on ne nous met des collecteurs que pour les choses qui ne courent aucun danger de putréfaction, c'est malin).

Ça fait que, rentrant de vacances, j'ai retrouvé ce soir des poubelles datant de la semaine du 11 au 17 août. Eh bien je vous le dis sans ambages : ça suinte. Ça pue la salade de merde au vinaigre, et ça abrite une collection de larves grouillantes, du blanc-crème au rouge foncé, de l'asticot de base à la chrysalide mystérieuse, avec des tailles allant de 2 mm à près d'un centimètre. Je viens donc de nettoyer-désinfecter ce marigot puant, avant de m'attaquer au congélateur. Une merveille de technologie que j'avais vidé et débranché en partant, mais qui abritait encore, à mon insu, une fine pellicule de glace et de minuscules débris échappés des sacs de chez Thiriet : microscopiques morceaux de haricots verts bio, pelures infimes de carottes, et autres poussières d'oignons à la con. Vous imaginez le résultat : la glace a fondu, la soupe a mariné sous la chaleur, et un bouillon de culture au fumet impressionnant s'est développé dans mon électroménager. Je trouve que tout ça résume admirablement ces maudits temps de rentrée…